Bonnes et mauvaises mobilisations

Entre Gilets jaunes et #BloquonsTout, la même ligne de fracture : les élites méprisent la colère populaire et n’accordent de valeur politique qu’aux mobilisations bien élevées.

Bonjour à toutes et à tous,

Ça fait un petit moment que je ne vous ai pas écrit. Je traverse un burn-out, ou peut-être une dépression — on ne sait pas encore très bien. Ascendant Beauf, et plus largement ces quatre dernières années passées à compenser et à courir après toutes sortes de choses, ont fini par avoir raison de mon enthousiasme et de mes ressources. C’est pris en charge. J’ai heureusement réussi à m’arrêter et à demander de l’aide juste avant que cela ne devienne trop grave. Depuis cet été, j’essaie de remonter doucement la pente.

Je vous remercie chaleureusement de me soutenir à travers cette newsletter, et d’être là, même dans les creux, les revers et les moments difficiles. C’est grâce à vous que mes livres existent et que je peux compter sur une stabilité financière — toute relative, mais précieuse.

Pour ce premier texte de rentrée, je voudrais revenir sur le mouvement #BloquonsTout, qui s’est déroulé en France le 10 septembre dernier, et qui tente certains Belges, avec une réplique annoncée en octobre. #BloquonsTout est un appel à la grève générale et aux blocages, lancé par des citoyens anonymes, hors partis et syndicats, en réponse aux projets de réformes de François Bayrou. Entre 175 000 et 250 000 personnes y ont participé, selon les sources.

La journée passée, j’ai lu dans Les Échos le politologue Antoine Bristielle, de la fondation Jean-Jaurès :

Loin d’incarner une colère sociale spontanée comme celle des Gilets jaunes, il exprime plutôt une mobilisation idéologique de gauche radicale, portée par des catégories au capital éducatif élevé.

Colère sociale spontanée pour les uns, les Gilets jaunes : un sentiment, un bouillonnement irrationnel sans but. Mobilisation idéologique pour les autres : ces catégories au capital éducatif élevé, plus mesurées, intelligentes.En France, il est fréquent de classer les mobilisations populaires. Il y a les bonnes : encadrées par les syndicats, annoncées en préfecture. Et les mauvaises : autonomes, spontanées, dont les motivations échappent aux élites.

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Par Rose Lamy

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