Les Valseuses, Éric Naulleau et Douglas au programme de cette newsletter de la quinzaine.
Avec Laurène Marx, on bosse sur un projet de podcast de critiques culturelles. On s’est dit que ce serait une bonne idée de regarder Les Valseuses. Laurène connaît bien ce film, c’était même une référence pour elle plus jeune. Moi, je ne l’avais jamais vu. Et franchement, ça me fait réaliser que parfois, le manque de culture, ça protège.
Il y a ces films qui squattent la mémoire collective et la culture populaire sans jamais payer de loyer. Intouchables, bardés du prestige du « classique », transmis comme un héritage par ceux qui les ont aimés et qui, à force de les répéter, les ont sanctuarisés. J’ai même découvert que j’avais déjà cité des répliques sans savoir d’où elles venaient : « On n’est pas bien là ? À la fraîche ? Décontracté du gland ? » Les Valseuses, c’est typiquement le film qu’il ne faudrait pas critiquer sous peine d’être accusée de puritanisme, ou pire, d’appartenir à « une coalition formée des dames patronnesses, des crapauds de bénitiers et des miliciens de la pensée », comme le pense encore Éric Naulleau… en 2024.
Les Valseuses, ce serait donc un film subversif. Un film qui transgresse les valeurs morales. C’est sûr que, du point de vue des deux personnages, Jean-Claude (Gérard Depardieu) et Pierrot (Patrick Dewaere), c’est la roue libre totale : ils prennent ce qu’ils veulent, volent des voitures, montent dans des trains sans payer. Et surtout, ils s’approprient le corps des femmes, qui n’existent dans ce film que comme objets de prédation. Comme objets tout court.
Regarder ce film, c’est se retrouver enfermé dans la psyché masculine, là où naissent tous les mythes misogynes sur les femmes, à la racine de cette culture du viol qu’on observe encore aujourd’hui. « Quand elles disent non, elles pensent oui. » « Toutes des salopes. » « Il faut les frapper pour les remettre dans le droit chemin. »
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