Chaque année, le Journal du dimanche (JDD) propose le classement des 50 personnalités préférées des français·es. Les résultats pour l’année 2022 sont tombés et il n’y a que 15 femmes, soit 30% des 50 personnalités. Quand j’ai relayé l’information  sur les réseaux, et comme quand je partage des extraits d’émissions populaires ou de téléréalité, j’ai reçu des retours de déni et de disqualification : “en même temps qu’attendre de ce média”, “c’est des boomers”, “le panel doit être biaisé”. Je comprends le mécanisme de protection, l’envie de fuir, de mettre à distance le sexisme (entre autres) qui s’incarne trop fort dans ces programmes, et semble impossible à défaire. Et si on a tout à fait le droit de ne pas entrer en lutte à chaque information, de ne pas être aux avant-postes, de ne pas avoir la télé, de se reposer de l’actualité, il faut tout de même discuter de cette réaction collective. 

On parle beaucoup dans nos milieux féministes “d’intersectionnalité” en occultant complètement les questions de classe. Or, il me semble que ces réactions de rejet reposent sur le mépris d’une catégorie de la population. Comme pour le sexisme ou le racisme, le classisme, n’est pas toujours pro-actif ou conscient : il n’en reste pas moins une violence qui nous traverse et qu’il est nécessaire d’interroger. La domination ne repose pas dans ce cas sur le genre mais sur l’appartenance de classe, et tout comme pour le sexisme, les violences forment un continuum qui va des injures, du mépris de classe (une forme de « sexisme ordinaire »), à des inégalités qui produisent la mort. Pour ne prendre qu’un exemple, il y a un écart d’espérance de vie de 13 ans entre les riches et les pauvres. ¹ Être en situation de précarité temporaire ou ne pas être “très riche” ne vous fait pas appartenir automatiquement aux classes populaires, il y a une somme de facteurs à prendre en compte comme le capital économique des parents et le capital culturel (connaissance de la culture “officielle”, réseau, maîtrise de la langue) notamment. 

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