J’avais écrit une story à l’emporte-pièce au lendemain des César. Je l’ai supprimée parce que je n’avais pas le temps de discuter avec les personnes qui sont venues m’en parler. C’est typiquement le genre de situation qui donne tout son sens à une newsletter, un espace plus grand pour élaborer une réflexion, dans un temps moins immédiat.
Je réagissais à de nombreuses publications féministes qui n’avaient pas de mots assez durs pour critiquer les prix remis au film La nuit du 12. Il s’agit d’un polar réalisé par Dominik Moll racontant une enquête sur un féminicide (99% des scénar des films et séries policières au passage) non élucidé qui s’est produit dans la région de Grenoble. Toute la forme du film est classique, à quelques passages électrochocs que j’ai vraiment trouvé très émouvants. L’un deux est une réflexion sur la difficulté de résoudre ce meurtre qui aurait pu être perpétré par tous les hommes. Je ne connais rien à l’industrie du cinéma, mais j’étais assez naïvement contente de voir ce film célébré. Et puis j’ai découvert toute un contre discours dans les milieux féministes et de gauche : le film n’allait pas au bout des choses, il montrait trop de violence ou pas assez, il était un film d’hommes blancs, porté par des hommes blancs, on romantisait la police etc. J’ai discuté avec des militant·es dont Lesbien raisonnable qui a commencé la discussion par un “Agree to disagree” et j’ai trouvé ça magnifique. Alors parlons.
...